TRANSFORMATION DIGITALE  02/09/2018

Transformation digitale : le grand défi reste d’embarquer tous les collaborateurs

Par Jérôme Delaveau, Directeur Associé de Reloaded

D’après une étude récente d’Accenture¹, près d’1 entreprise sur 2 montre des signes de vulnérabilité à une disruption à venir. Mais rassurons-nous (ou pas…), les dirigeants des grandes entreprises l’affirment, la transformation digitale est déjà bien engagée chez eux : Learning Expedition, Digiday, Hackathon, CDO, présence au CES ou à Vivatech… #ohwait. Aujourd’hui, tout le monde innove en faisant la même chose ! Ne serait-on pas en train de nous mettre au menu une transformation Canada Dry, avec l’apparence d’une transformation qui n’en a pas toutes les qualités ?

Dans « transformation digitale », le mot le plus important est « transformation ». Les ruptures technologiques sont l’une des mutations principales impliquant la transformation des entreprises. Le numérique est certes un levier majeur de transformation, mais pas une transformation en soi. L’enjeu, ce n’est pas de faire du digital, mais de repenser son business à l’ère du digital : la nécessité d’un profond changement est bel et bien le véritable enjeu du monde numérique.

    Engager une profonde transformation : un enjeu culturel

    La révolution digitale est une révolution culturelle qui a changé la façon dont on vit, dont on s’informe, dont on consomme, dont on interagit. Transformer son entreprise pour s’adapter à un nouveau contexte numérique n’est pas simplement savoir utiliser les dernières tablettes ou applis, mais changer sa culture et adopter une culture digitale, c’est-à-dire un état d’esprit. Car on aura beau investir massivement dans l’IT et rattraper d’un bond son retard technologique, si l’état d’esprit ne suit pas, si la culture que ce bond suppose n’a pas été préparée, nourrie, anticipée, mûrie, alors le risque de rejet est grand ; beaucoup manqueront le train et resteront à quai.

    La digitalisation des organisations ne peut se faire sans consentement, sans engagement ; on a tort de parier sur le seul pouvoir d’attraction des nouveaux outils numériques : aussi beaux et pratiques soient-ils, ils réclament, pour être utilisés à bon escient, et donc pleinement utiles, du temps, celui de la sensibilisation, de la formation et de l’expérimentation. Et tout ceci, bien sûr, se pense et se fait en amont. Parmi les fondamentaux dans l’évolution des cultures qu’impose le digital, il y a la culture du FAIRE. Il faut prendre le parti de la transformation et de l’innovation par l’exécution. Adopter une culture digitale pour se transformer, c’est désormais faire des prototypes plutôt que des powerpoint (voilà qui va faire plaisir aux adhérents de l’Anti PowerPoint Party…).

    Un enjeu de culture et un enjeu humain

    Quand 45% des dirigeants français témoignent d’une forte culture digitale au sein de leur entreprise, seuls 3% des salariés en conviennent. Un tel écart de point de vue laisse songeur, non pas tant sur les causes, mais bien plutôt sur les conséquences que ce décalage implique, en particulier humaines. Or l’étude de Capgemini le confirme, l’humain est un facteur clé trop souvent oublié dans les projets de transformation digitale.  Il est primordial que l’entreprise implique et accompagne ses collaborateurs afin qu’ils puissent être acteurs de la transformation digitale de la structure dans laquelle ils évoluent. Le défi le plus important pour transformer son entreprise est de parvenir à entraîner l’ensemble des collaborateurs dans le changement.

    C’est un fait, la technologie évolue plus rapidement que nous. La réponse de la transformation numérique des entreprises réside dans l’accès des employés à de nouvelles compétences pour s’adapter à une activité qui change. Évaluer et cartographier la maturité numérique de ses collaborateurs, identifier les talents internes sur lesquels s’appuyer, acculturer les collaborateurs, c’est consolider l’avenir de nos entreprises. La plateforme d’évaluation des compétences numériques développée par le Ministère de l’Education nationale va dans ce sens ; elle promeut la digitalisation par et pour l’humain, et non plus malgré lui ou à ses dépens. Son implémentation au sein des entreprises va croissante et nous y voyons un signe encourageant de prise de conscience collective – même si la route est encore longue. La transformation digitale est totale lorsque la vision et l’impulsion des dirigeants rencontrent la capacité des collaborateurs à imaginer de nouvelles expériences. 

      Les RH, cœur battant de la transformation

      L’individu est un actif stratégique ; les compétences, un enjeu fondamental pour s’adapter à un monde numérique. Or il faut garder à l’esprit que les Ressources Humaines sont au cœur de la transformation des organisations : sans leur concours, sans leur adhésion pleine et entière, point de salut. Réussir sa transformation digitale, c’est intégrer et reconnecter formation & transformation. Mais pour accompagner la réinvention du business de leur entreprise, les RH doivent elles-mêmes être proactives sur la transformation de leur métier. Ce qui signifie être exemplaires et leaders dans l’expérimentation, dans la volonté de changement, et dans la foi que celui-ci doit engager tous les collaborateurs. Car une transformation réussie, comme au rugby, c’est d’abord une expérience de foi collective.

        ¹ Étude réalisée en mars 2018 auprès de 3629 grandes entreprises dans 82 pays

        ² Culture Challenge : Closing the Employee-Leadership Gap. Étude Capgemini 2017.

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